« La période de ma vie que je vais évoquer sera sans doute une histoire un peu triste. J’aurais souhaité qu’il en soit autrement. Je porterais, j’en suis certain, sur ces quelques mois, dans quelques années, un regard plus tranquille, mais à l’heure où je parle, les mots qui me viendront ne seront sans doute pas tout à fait ceux de la joie et de la légèreté.
Ce n’est pourtant ni une tragédie, ni un drame. C’est l’histoire simple d’une simple séparation, comme il y en a tant. Et c’est sans doute parce qu’elles sont si nombreuses qu’on finit par les nommer injustement ainsi. Simples, on le sait bien, elles ne le sont jamais. Elles provoquent changements, turbulences et remous. Peines et chagrins. La mienne n’est ni moins ni plus extraordinaire que les autres. C’est le moment que je traverse, comme certains l’ont fait avant moi et d’autres le feront après ».
« Ensuite, on apprend vite à être seul à prendre des décisions, toutes les décisions, trouver un appartement, par exemple, le visiter et décider seul de le prendre. Les événements commencent à s’accélérer, l’appartement est là. On le visite, on signe le bail, on a les clés. On y entre mais on n’est pas encore chez soi. Au début, un appartement, c’est comme une
sorte de dépôt. Alors on commande ce qu’il faut, un frigidaire, une machine à laver et on attend que ce soit livré, puis on installe.
Quand tout est acheté et que tout est fait, il y a la première soirée, celle où le mouvement s’arrête. On peut se dire « On y est ». On regarde autour de soi. Et là, il n’y a plus personne. Toi, seul. Ce n’est pas si grave. Ce n’est que le début. Alors, on fait connaissance avec son quartier, son ascenseur, son escalier, on organise le nouvel itinéraire du matin. On cherche ses marques, on espère trouver son chemin ».
Cet extrait aborde un moment intime – une séparation – mais en choisissant de le raconter par les gestes ordinaires et les émotions simples.
