C’est étrange, l’écriture.

On ne choisit pas vraiment d’écrire, c’est là, ça s’impose. C’est comme ça que je la vis. Écrire pour les autres, écrire pour moi, c’est la même chose. Enfin, pas tout à fait. Il y a des frontières. Mais elles sont poreuses, floues, mouvantes.

Être biographe, c’est avant tout être écrivain

Quand je suis biographe, je suis dans la vie des autres. J’entre chez eux, dans leurs souvenirs, leurs joies, leurs douleurs, leurs victoires, leurs échecs… J’éprouve toujours un sentiment de gratitude pour ce que les narrateurs offrent quand il se racontent. Je m’installe dans ce qu’ils me donnent, ou parfois dans ce qu’ils taisent. Ce n’est pas ma vie, mais pour un temps, elle le devient. Écrire pour les autres demande beaucoup : il faut écouter, comprendre, trouver le fil qui traverse les événements de vie, tisser l’étoffe des souvenirs. C’est un travail d’empathie et d’humilité qui requiert de la délicatesse. Le-la biographe est un-e équilibriste qui doit trouver la juste mesure entre les mots du narrateur et les siens. C’est passionnant !

Et puis il y a l’autre écriture. Celle qui m’appartient, là où j’explore mes propres voi(x)es… Ces créations sont le lieu où j’explore des idées, des formes de récits et des styles plus personnels.

Ce territoire plus intime me permet cependant de nourrir mon activité de biographe : j’y affine mon style, ma voix et mon sens de la narration. J’entraîne mon inspiration, je l’entretiens pour qu’elle puisse être au service du récit des autres. Cette harmonie entre écriture personnelle et écriture professionnelle me permet d’être plus disponible, plus à l’écoute et plus créative dans mes projets biographiques.

L’écriture personnelle, un atout pour le biographe

L’écriture personnelle est une extension naturelle de l’activité de biographe. Les deux pratiques s’enrichissent mutuellement et permettent de cultiver à la fois la rigueur, la créativité et la passion. En tant que biographe, écrire pour soi, c’est se donner les moyens d’être un meilleur écrivain pour les autres.

J’écris du théâtre, essentiellement. C’est ma trajectoire, mon chemin et le meilleur moyen pour moi d’explorer des thématiques qui me sont chères. C’est bien sûr lié à mon premier métier, ma vie d’avant. Le théâtre requiert une économie de moyens, les silences et les sens cachés sont aussi importants que ce qui se dit, parfois plus. Comme dans la vie, en définitive. C’est cet exercice assez difficile qui me plaît. Travailler l’implicite.

Une de mes pièces, Georges ou la mémoire du poisson rouge a reçu deux prix : le prix Artcena de l’Aide à la Création et le prix Théâtre du Comité de lecture des Murmures Littéraires